C’est donc sur le site de la Philharmonie de Paris que vous trouverez l’outil interactif développé suite aux travaux de Catherine Basset, également en ligne à cet endroit, et appelé le « gamelan mécanique ».
La partie qui concerne les recherches de l’ethnomusicologue est d’un abord très complexe et peu utilisable (voire pas du tout) pour nos élèves.
En revanche, si vous cliquez sur le lien qui vous permet d’accéder à une reproduction virtuelle et sonore du gamelan (ici), vous découvrirez un outil interactif très facile d’utilisation et permettant des utilisations diverses et variées autour des notions de :
- polyrythmie
- instrument collectif
- cycle (déterminé par la colotomie)
- thème principal (pour vulgariser la notion de balungan)
- diminution rythmique (rôle du peking)
permettant une évaluation autour de différentes compétences comme :
- savoir tenir un rôle dans une polyrythmie et pratiquer les différentes parties du gamelan
- savoir suivre les variations de tempi
- savoir discriminer à l’oreille les différentes strates de l’espace sonore
- comprendre la construction sonore qui procède par strates complémentaires les unes des autres (à l’image de la philosophie de cette société)
- créer son propre motif de gamelan (car vous avez aussi des exercices de création qui vous sont proposés et que vous pouvez ensuite faire récupérer par vos élèves sous Audacity)
Pour utiliser cette application comme un véritable instrument interactif, il vous faut une salle informatique (ou des tablettes relayées sur un système d’amplification) permettant d’avoir un terminal par élève muni de vraies enceintes avec caisson de basse autant que possible (par exemple, j’ai pu tester des Altec Lansing qui ont réellement changé la profondeur d’écoute de mon ordinateur). Sans ce matériel, vous perdrez entre autres les gongs basses et le résultat ne sera pas satisfaisant car vous aurez l’impression d’entendre un brouhaha général.
La 1ère étape consiste à décomposer les différentes parties du gamelan et de faire comprendre de quelle façon celles-ci s’emboitent l’une au-dessus de l’autre. Vous pourrez le faire en cliquant sur les onglets supérieurs, ce qui a pour effet d’activer ou de désactiver la partie du gamelan associée à cet onglet.
L’idée est de trouver le nom de l’instrument qui dirige la pulsation, soit le kendang...
... ensuite, de repérer les séquences mélodiques de chaque partie, à commencer par le balungan (thème axe),
puis, le kempul qui représente la base de l’édifice sonore
pour terminer par les parties de remplissage et particulièrement la partie de peking qui est une diminution par deux de la partie de balungan :
Vous pouvez vous limiter à ces 4 parties qui vous donneront le support principal de votre polyrythmie.
Faites alors reproduire vocalement les parties mélodiques en utilisant les codes de couleur pour chanter les différentes hauteurs. Faites reproduire corporellement la rythmique du kendang avec deux hauteurs.
Distribuer ensuite ces différentes parties à vos élèves et tandis que le binôme chanteur guide son binôme instrumentiste-informaticien en continuant à chanter ou à frapper corporellement sa partie, les instrumentistes-informaticiens construisent la polyphonie selon un ordre d’apparition et de superposition des voix que vous aurez au préalable indiqué. Je vous conseille kendang (logique !), puis kempul, puis balungan, pour finir par le peking (qui double en diminution le balungan).
Vous pouvez ensuite vous amuser à demander au kendang d’accélérer et de décélérer la pulsation ce qui oblige le reste du groupe à être très à l’écoute les uns des autres. C’est un exercice exigent pour la cohésion du groupe et très formateur pour l’oreille rythmique et polyrythmique.
Sachez que vous pouvez également interagir avec le tempo dans le logiciel. Il vous suffit de faire baisser ou monter le curseur associé à ce paramètre :
Autre regard intéressant : celui de cette autre présentation de la polyrythmie sous forme de mandala et qui permet de parler du côté circulaire de la construction sonore et de la philosophie du cycle de la vie :
Et enfin, la dernière présentation est l’occasion de mettre en oeuvre des exercices de création dans un déroulement linéaire qui pourrait faire penser aux cartes perforées des orgues de barbarie.
Cliquez sur les endroits indiqués par les flèches et à vous de jouer et d’imaginer en fonction des propositions et des explications fournies...
Vous pouvez même demander à vos élèves, après création de leur propre polyrythmie selon les régles fixées, de récupérer le résultat sonore dans Audacity et après... place à l’imagination...
Le résultat de cette séquence vous surprendra et vous permettra de très nombreux parallèles dans vos séquences. Vraiment, le gamelan est une mine d’inspiration.